Vous cherchez à améliorer votre style ? Vous avez l’impression que vos phrases sont parfois construites de façon maladroite et que votre écriture manque de fluidité ? Dans cet article, je vous propose quelques astuces pour améliorer votre style. Pour cela, je me suis basée sur les problèmes que je rencontre le plus couramment quand je critique des textes de fiction. Mais avant de vous partager ces astuces, je vais vous expliquer pourquoi le style ne fait pas tout et ce que vous pouvez faire avant de le retravailler.
Comme bien souvent dans mes articles, je voudrais revenir sur la notion de talent, car de nombreux écrivains débutants s’imaginent qu’il faut avoir un talent inné pour écrire. Or écrire s’apprend, que ce soit au niveau du storytelling ou du style. Et d’autre part, je voudrais établir la différence entre le storytelling et le style. Le style ne fait pas tout dans le récit et si vous ne faites que retravailler vos phrases, vous n’aurez pas forcément rédigé un roman solide.
C’est d’ailleurs pour cela que je parle plus souvent de storytelling en premier lieu, parce qu’à mon sens, il est important de bien construire son récit avant de retravailler son style. En effet, les changements apportés au contenu de votre histoire impliqueront de modifier des phrases, des paragraphes ou des chapitres entiers.
Quand vous travaillez sur votre manuscrit, pensez à vous concentrer sur la construction de votre récit et vous pourrez retravailler votre style ensuite. Vos phrases n’ont certainement pas besoin d’être parfaites du premier coup !
Si vous voulez en savoir plus sur le processus de corrections, je vous partage ma vision de la correction d’un manuscrit dans l’article Comment corriger son manuscrit ?
Et voici sans plus tarder des astuces pour améliorer votre style.
J’ai remarqué que de nombreux auteurs se sentent presque obligés d’écrire des phrases très longues, comme si ça allait sembler plus littéraire. Et bien souvent, l’auteur pourrait facilement redécouper ces longs segments séparés par des virgules en plusieurs phrases distinctes.
On a très certainement en tête des auteurs qui écrivent des phrases très longues, mais magnifiques. Or bien souvent, quand on débute, on n’arrive pas à construire de telles phrases et elles donnent plutôt un effet de confusion. On risque de perdre le lecteur et de rendre la compréhension du texte très compliquée. Cela ne veut bien sûr pas dire que toutes vos phrases doivent être très courtes (les variations permettent de donner du rythme au texte), mais n’hésitez pas à relire vos textes et à vérifier si vous avez tendance à rassembler tout dans une même phrase. Il est important de savoir quand utiliser une virgule ou un point, car je remarque aussi que l’utilisation de la ponctuation peut poser problème.
Le deuxième élément à vérifier est la place des mots dans la phrase. Parfois, vos phrases pourraient être plus fluides si vous échangiez la place de différents éléments. Placer les éléments de manière différente dans une phrase peut aussi vous permettre d’éviter des structures répétitives d’une phrase à une autre et de varier le rythme.
Il m’arrive de lire des phrases dans lesquelles un élément est mal placé, en plein milieu, souvent entre virgules, et cela nuit à sa fluidité. La lecture est freinée. Parfois, il suffirait de placer cet élément en début ou en fin de phrase pour éviter de donner un rythme saccadé. Bien sûr, cela ne concerne que certains éléments, comme dans l’exemple ci-dessous, mais on peut placer des passages entre virgules dans ses phrases ! Pour illustrer un peu mieux ce que j’entends par là, je vous propose donc une petite phrase toute simple :
Elle était persuadée, avant de partir à la campagne, que ce changement de décor lui ferait le plus grand bien.
Pour plus de fluidité, on pourrait écrire à la place :
Avant de partir à la campagne, elle était persuadée que ce changement de décor lui ferait le plus grand bien.
Ainsi, le rythme de la phrase est moins saccadé. Il est bien sûr possible de changer l’ordre des éléments pour produire un effet, mais cela doit être un choix conscient. Si cela devient trop récurrent, ce sera répétitif.
Le troisième élément à vérifier est la structure de vos phrases et la répétitivité des structures. Si toutes vos phrases ont des structures et des longueurs similaires, le lecteur le percevra consciemment ou inconsciemment et cela donnera l’impression que vos phrases sont répétitives. Répéter une structure de phrase ou même une phrase donnée peut être considéré comme un effet de style, mais encore une fois, cela doit être un choix conscient dans un cas bien précis que vous déterminez. Si vous le faites sans vous en rendre compte, il est très probable que ce soit à un moment où ça ne va pas bien fonctionner. Par exemple, si vous utilisez souvent « elle » ou « je » au début de phrases aux longueurs et aux structures similaires, cela se remarquera particulièrement.
Et c’est encore plus gênant quand les actions s’enchaînent avec « je », « je », « je », car on a l’impression d’avoir affaire à une personne très égocentrique. Pour éviter cela, pensez à alterner la construction de vos phrases ainsi que leurs longueurs et n’oubliez pas d’insérer des descriptions et pourquoi pas des dialogues entre les actions. En effet, lorsque votre texte est un enchaînement d’actions et que tout avance très rapidement, c’est souvent le signe que vous avez oublié les descriptions et que vous n’avez pas laissé le temps à votre personnage de réfléchir, de réagir et de ressentir des émotions. Mais là, on s’éloigne du style pur et dur pour aller vers le storytelling !
Je lis souvent des scènes dans lesquelles il y a deux personnages du même sexe, mais l’auteur n’a pas pensé à préciser qui était « il » ou « elle ». Le lecteur doit donc réfléchir pour bien comprendre de quel personnage il s’agit. Si c’est évident pour l’auteur qui connaît son histoire, cela peut être beaucoup plus difficile pour le lecteur qui doit parfois relire le passage plusieurs fois avant de comprendre. Et cela pourrait l’induire en erreur. Disons que vous avez utilisé « elle » pour désigner Marion, mais aussi pour désigner Laeticia. Il vaudra mieux vous assurer qu’on sache bien de quel « elle » vous parlez dans une phrase donnée afin d’éviter la confusion. Si ce n’est pas clair, n’hésitez pas à mentionner le prénom du personnage.
Lors de la phase de corrections, vous pourrez sans doute remarquer que vous utilisez trop de mots dans vos phrases, c’est-à-dire qu’il y a un certain nombre de mots superflus qui n’apportent rien et sans lesquels le sens ne changerait pas. Ces mots superflus viennent alourdir votre style. J’ai souvent l’impression que les écrivains débutants pensent que rajouter des mots dans leurs phrases va donner un style plus littéraire, mais cela peut au contraire nuire à la fluidité. Il est souvent préférable d’être concis. N’hésitez pas à relire vos phrases et à vérifier si vous trouvez des mots superflus ou même redondants. Si vous pouvez exprimer la même idée en utilisant moins de mots, c’est généralement une bonne chose.
Vérifiez également si le choix des mots est pertinent et si le registre de langue que vous avez utilisé est cohérent tout au long du texte. Vous n’avez pas besoin de trouver des mots plus littéraires ou des synonymes absolument pour chaque mot si le synonyme que vous utilisez n’a pas de sens dans votre phrase, ne serait pas employé de cette façon ou s’il change complètement le registre de langue.
Demandez-vous si votre narrateur serait susceptible de prononcer tel ou tel mot. Votre narrateur n’a pas besoin de s’exprimer de façon très formelle, c’est à vous de choisir le registre de langue que vous souhaitez utiliser. Vous pourriez donc tout à fait utiliser un registre de langue familier. Mais une fois que vous l’avez choisi, vous devez vous y tenir dans la narration. Si vous insérez un terme familier en plein milieu de votre narration très soutenue, cela se remarquera tout de suite, et à moins que vous ne l’utilisiez à des fins comiques, cela ne fonctionnera pas.
En atelier, il m’est arrivé de lire des récits qui ne contenaient pas de paragraphes, mais un seul bloc de texte. La narration, les descriptions et même les dialogues se retrouvent alors à la suite les uns des autres. Cela devient vite indigeste et le lecteur a du mal à lire. D’autre part, le lecteur peut avoir du mal à comprendre qui s’exprime si tous vos dialogues s’enchaînent sur la même ligne. Pensez à passer à la ligne quand un nouveau personnage s’exprime.
Pensez aussi à créer des paragraphes centrés autour d’une idée ou d’un but donné. Vous pourrez ainsi aérer votre texte et améliorer sa compréhension.
Et de la même manière que pour vos phrases, vous pouvez alterner la longueur de vos paragraphes. Il m’est arrivé de lire un roman dans lequel tous les paragraphes ou presque étaient constitués d’une seule phrase et cela semblait très répétitif.
Dans tous les cas, ne présentez pas votre texte sous la forme d’un bloc interminable (à moins d’avoir une bonne raison de le faire).
J’espère que ces astuces vous aideront à améliorer votre style. Je tiens vraiment à préciser encore une fois qu’il vaut mieux retravailler le contenu de votre récit avant de vous concentrer sur votre style. Et surtout, ne vous bloquez pas lors de l’écriture de votre premier jet parce que vous ne trouvez pas la phrase parfaite et que vous avez l’impression que votre style n’est pas bon. Vous pourrez tout modifier pendant la phase de corrections.
Si vous avez besoin d’aide pour retravailler votre manuscrit, je propose des critiques de premières pages, de chapitres ou de manuscrits complets. Vous pouvez en apprendre plus sur la page Services éditoriaux.
Bonne écriture !