Note: If you’re here to read the interview in English, scroll down!
Cette semaine, nous vous proposons notre toute première interview littéraire (et notre tout premier article disponible en version bilingue) avec M. W. Kelly, l’auteur américain du roman de science-fiction Mauna Kea Rising. Au programme de cette interview : les idées à la base du roman, les recherches, le processus d’écriture et de correction, l’édition et l’autoédition aux États-Unis.
M. W. Kelly a d’abord travaillé dans l’US Navy avant de passer deux décennies à enseigner la physique et l’astronomie à l’université. Dans sa jeunesse, il dévorait la science-fiction d’Isaac Asimov et de Phillip Dick, puis il s’est tourné vers la Hard Science Fiction. Il est membre de la RMFW (Rocky Mountain Fiction Writers) et de la Hawai’i Writers Guild.
Son premier roman, Mauna Kea Rising, a été publié en janvier 2019. Dans un univers parallèle, il suit les aventures d’Hellen Callahan, une mère célibataire au chômage en l’an 2025 qui tente de renouer avec son fils adolescent et de remettre de l’ordre dans sa vie. Lorsqu’on lui propose un voyage en bateau pour Hawaï, Hellen ne sait pas que le propriétaire n’est autre que son amour de jeunesse. Mais Hellen est rapidement préoccupée par autre chose : une tempête solaire menace de toucher la Terre, ce qui pourrait avoir des conséquences désastreuses. Au milieu de l’océan, elle n’a aucune idée de ce qui l’attend à Hawaï…
Mauna Kea Rising est disponible sur Amazon France, Amazon UK et Amazon US aux formats papier et Kindle.
Et sans plus tarder, voici l’interview !
Remarque : cette interview a été traduite de l’anglais américain par nos soins. Si vous préférez lire la version originale, faites défiler la page.
J’ai enseigné l’astronomie à l’université pendant des années et c’est de là que m’est venue l’idée de cette histoire. Alors que nous sommes de plus en plus dépendants de la technologie, de nombreux astronomes nous mettent en garde sur le fait qu’une puissante tempête solaire pourrait provoquer des dégâts importants sur nos réseaux électriques modernes. Il suffit d’une coupure de courant temporaire pour nous rappeler à quel point notre société dépend d’une source d’électricité fiable et sans interruptions. Repensez à la dernière nuit où vous vous êtes retrouvés sans électricité et imaginez vivre de cette façon pendant un an ou plus. Les Portoricains vivent dans ces conditions depuis plus de vingt mois. Comment y parviennent-ils ? Ils se sont adaptés en adoptant des modes de vie plus simples et dépendent les uns des autres pour bénéficier d’un soutien communautaire, mais c’est une épreuve difficile et plus de 3 000 personnes ont péri.
Le cadre de l’histoire est inspiré de mes voyages annuels à Hawaï au cours des douze dernières années. Je suis tombé amoureux de l’esprit « aloha » et j’ai un grand respect pour leur mode de vie auto-suffisant. L’État d’Hawaï est un leader dans le développement des technologies éoliennes, solaires et géothermiques. Il y a deux ans, le gouverneur a signé un projet de loi ordonnant aux fournisseurs d’électricité de l’État de générer toute leur électricité à partir d’énergies renouvelables d’ici 2045.
J’ai passé environ deux ans à faire des recherches pour le roman et une partie de ce temps incluait la préparation de la structure et du plan du roman. En science-fiction et dans les autres genres qui impliquent de créer un univers, un plan est crucial si on veut réussir, ou même simplement terminer le premier jet. Mes recherches ont inclus des interviews avec des experts sur certains sujets comme des ingénieurs au National Renewable Energy Lab (laboratoire national des énergies renouvelables) dans le Colorado et au Hawaii’s Natural Energy Laboraty (laboratoire des énergies naturelles de Hawaï) à Kailua-Kona. Les détails des lieux décrits dans le roman proviennent de mes nombreux voyages sur les îles hawaïennes. Au cours de l’une de ces visites, j’ai rencontré les employés du Kohala Center qui m’ont donné des informations sur les modes de vie durables. Ces informations étaient importantes pour développer l’idée à la base de ce roman. Pendant la coupure d’électricité, une conséquence de la tempête solaire, les habitants devaient se reposer sur des méthodes traditionnelles pour faire pousser leur nourriture et collecter l’eau de pluie pour pouvoir la boire.
J’aime l’étape de la planification et du premier jet, mais je trouve que la phase de correction est l’aspect de l’écriture le plus chronophage et le plus difficile. Mon premier roman est passé par sept brouillons au cours de deux années. Chaque brouillon comprenait une longue liste d’éléments à vérifier comme la structure, la cohérence, les dialogues, les points de vue et la voix, et enfin la structure des phrases, la prose, la grammaire et la ponctuation. J’ai appris de mes erreurs et j’ai simplifié ce processus à trois brouillons pour mon second roman. Cela devrait ramener le temps nécessaire pour écrire et publier le roman à un an.
Ça a été la décision la plus difficile à prendre au cours de ces quatre années pendant lesquelles j’ai travaillé sur mon roman en vue de sa publication. Au début, j’étais convaincu que la publication traditionnelle était la seule voie pour un vrai auteur : envoyer des lettres aux agents littéraires*, en trouver un, obtenir un contrat d’édition et cela aboutit à la publication du roman. En 2015, j’avais l’impression que les écrivains qui autoéditaient étaient un peu orgueilleux ou qu’ils étaient au mieux des amateurs. J’ai lu des articles sur les pires couvertures de romans autoédités et la mauvaise qualité générale de ces livres.
Mais après avoir discuté avec de nombreux auteurs, j’ai décidé d’autoéditer mon roman. Pour moi, c’était une décision difficile basée sur une longue conversation avec plusieurs amis écrivains. J’ai appris qu’emprunter la voie traditionnelle prenait plusieurs années et que le soutien commercial était souvent médiocre pour les nouveaux auteurs. La règle générale parmi les maisons d’édition est que 80 % du marketing est réservé à la promotion des 10 % de leurs auteurs phares. Une autrice que j’ai rencontrée lors d’une séance de dédicace a cherché pendant des années avant de trouver un agent. Puis elle a dû tout recommencer lorsque son éditeur a cessé son activité avant la publication de son roman. Elle a trouvé un nouvel éditeur et son roman est paru six ans après avoir terminé le dernier brouillon de son manuscrit. Je craignais que mon roman de science-fiction ne devienne un roman historique au moment où il serait en rayon.
Finalement, je suis content de ma décision. Il est vrai que je dois m’occuper de ma propre promotion et de mon marketing, mais les nouveaux auteurs édités par les maisons d’édition doivent de toute façon se promouvoir eux-mêmes. Donc autant en tirer les bénéfices financiers et conserver davantage le contrôle du contenu créatif.
Merci. Je pense que l’aide qui m’a été apportée par de nombreuses personnes est la raison pour laquelle le rendu de la couverture du roman est réussi. Après des mois de recherches, j’ai trouvé une graphiste à Stuttgart, en Allemagne, dont les couvertures collaient avec ma vision. Elle a créé une couverture qui reprenait deux des aspects majeurs du roman : la tempête solaire et la protagoniste. Après plusieurs essais de couvertures, j’ai testé des modèles de couvertures auprès d’une douzaine de lecteurs. Certains étaient mes bêta-lecteurs, d’autres des fans de science-fiction. J’ai fourni un texte de présentation avec un court synopsis à ceux qui n’avaient pas lu un brouillon précédent du roman afin qu’ils connaissent le thème du livre. À partir de là, j’ai finalisé la couverture du roman.
Le projet sur lequel je travaille actuellement, Elle: The Naked Singularity, est le second tome de ma série de science-fiction, Lost in the Multiverse. L’histoire suit les aventures de l’un des personnages principaux dans Mauna Kea Rising et est librement inspirée du roman Le Magicien d’Oz. Elle Akamu, 19 ans, est propulsée à travers l’espace-temps de la Terre au 21e siècle dans un univers parallèle dans lequel les Îles hawaïennes britanniques sont cernées par des superpuissances rivales, la Grande-Bretagne et le Japon, dans les années 70. Perdue dans le multivers, elle découvre que la vie, c’est accepter son passé, une nouvelle maison et trouver l’amour. Ce prochain roman relatant l’histoire d’une étrangère sur une terre étrangère s’attaque à nos questions les plus anciennes : quelle est la nature de l’univers ? Existe-t-il des dimensions cachées autour de nous ? Être humain, qu’est-ce que cela signifie ? Bien qu’on ne soit jamais aussi bien que chez soi, notre chez nous est là où notre cœur bat.
Merci M. W. Kelly d’avoir répondu à nos questions !
Vous trouverez des informations supplémentaires sur ce roman sur son site Web. Vous pouvez également le suivre sur Twitter et n’oubliez pas d’ajouter Mauna Kea Rising sur Goodreads.
* Aux États-Unis, la plupart des maisons d’édition refusent les envois directs de manuscrits et il faut donc d’abord passer par un agent littéraire. Les auteurs envoient une lettre à des agents littéraires en leur demandant de les représenter et l’agent peut demander aux auteurs d’envoyer un synopsis et le manuscrit si la présentation du roman l’a intéressé. Il choisit ensuite les auteurs qu’il souhaite représenter. Tous les agents n’ont pas les mêmes compétences, mais leur rôle consiste notamment à envoyer le manuscrit aux bons éditeurs, à négocier les contrats, à gérer les éventuels litiges entre l’auteur et la maison d’édition et à éditer le manuscrit avant l’envoi aux maisons d’édition.
Vous trouverez ci-dessous la version originale de cette interview.
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English version
This week, we’re posting our very first interview (and our very first bilingual post as well) with M. W. Kelly, the American author of Mauna Kea Rising, a Science Fiction novel. In this interview, we’ll be talking about the premise of the story, the research process, the writing and revision processes, as well as publishing and self-publishing in the US.
M. W. Kelly served in the Navy before teaching Physics and Astronomy in College for two decades. In his youth, he devoured science fiction books from Isaac Asimov and Phillip Dick, and later turned to Hard SciFi. He is a member of RMFW and Hawai’i Writers Guild.
His first novel, Mauna Kea Rising, was published in January 2019. In a parallel universe, the story follows the adventures of Hellen Callahan, a single unemployed mother in 2025 who’s trying to reconnect with her teenage son and to get her life in order. When she’s invited on a sailing voyage to Hawaii, she has no clue that the owner of the ship is the man she fell in love with when she was younger. But Hellen soon has other worries as a solar storm threatens to hit the Earth, which could have disastrous consequences. In the middle of the ocean, there’s no telling what she’ll find in Hawaii…
Mauna Kea Rising is available in paperback and Ebook on Amazon US and Amazon UK.
And without further ado, here is the interview!
The story’s premise came to me from years of teaching college astronomy. As we come to depend more on technology, many solar astronomers have warned us that a powerful solar storm could wreck widespread damage to our modern power grid. It only takes a temporary blackout to remind us how much society depends upon a continuous and reliable source for electrical power. Think back to the last night your power went out, then imagine living like that for a year or longer. The people of Puerto Rico have had to endure this hardship for over twenty months. How do they do it? They adapted to simpler lifestyles and relied on each other for community support, but it’s a difficult struggle and over three-thousand people perished.
The story’s setting came from my annual trips to Hawaii over the past twelve years. I fell in love with the aloha spirit and grew a deep respect for their self-sustaining way of life. The state is a leading developer of wind, solar, and geothermal power technology. Two years ago, the governor signed a bill directing the state’s power utilities to generate all their electricity from renewable energy resources by 2045.
I spent about two years researching details for the book, and some of that time included working on the book’s structure and outline. For science fiction and other world-building genres, an outline is crucial for success, or even just completing the first draft. My research included interviews with subject matter experts, such as engineers at the National Renewable Energy Lab in Colorado and Hawaii’s Natural Energy Laboratory in Kailua-Kona. Details for the setting came from my many trips to the Hawaiian Islands. During one of these visits, I met with the kind folks at the Kohala Center who provided information about sustainable living. This last piece was important for the book’s premise. During the blackout, an aftermath of a solar storm, the islanders had to rely on traditional methods of growing food and collecting rain for drinking water.
While I love the outlining and first draft stage, I find editing the most time-consuming and challenging aspect of writing. My first book went through seven drafts over two years. Each draft had a long checklist of items such as looking at structure, consistency, dialog, POV and voice, and finally mechanics. I’ve learned from my mistakes and streamlined the process to three drafts for my second book. This should reduce my time to market down to a year.
This was the most difficult decision I made during my four-year journey in getting my novel ready for publication. At first, I was convinced the traditional route to publishing was the only one for a real author—querying, finding an agent, winning a publishing contract, then out the door. Back in 2015, I felt people who self-published were a bit vainglorious or at best were hobbyists. I read articles about the worst self-published book covers and the general lack of quality in these books.
But after speaking with many authors, I have decided to self-publish my book. For me, this was a hard decision based on a long conversation with several author friends. I learned that the traditional path extended over several years and often resulted in poor sales support for new authors. The general rule among publishing houses is eighty percent of marketing goes to promoting the top ten percent of their front listed authors. An author I met at a book signing searched for years before finding an agent. Then she had to start the search all over again after the publisher went out of business before the book was published. She found a new publisher and launched her book six years after she completed the final draft. I feared that my science fiction book could turn into a historical novel by the time it hit the shelves.
In the end, I’m happy with my decision. Sure, I need to provide my own promotion and marketing, but new traditionally published authors need to market themselves, anyway. So, I might as well reap the financial benefits and keep more control over the creative content.
Thank you. I think the book cover turned out well because of the help so many people gave me. After searching for months, I found a graphic artist in Stuttgart, Germany whose covers jelled with my vision. She created a cover design that touched on two of the book’s major aspects: the solar storm and the female protagonist. After a few design iterations, I tested sample covers with about a dozen readers. Some were the book’s beta readers, others were science fiction fans. For those who hadn’t read an earlier draft, I provided a blurb with a short synopsis so that they knew the book’s premise. From there, I finalized the book design.
My current work-in-progress, Elle: The Naked Singularity, is the second in the science fiction series, Lost in the Multiverse. The story follows the adventures of a main character in Mauna Kea Rising in a bold adaptation of The Wizard of Oz. Nineteen-year-old Elle Akamu slips from 21st century Earth through spacetime into a parallel universe where the 1970s British Hawaiian Islands sit between rival superpowers, Britain and Japan. Lost in the multiverse, she finds life is about accepting her past, finding love, and accepting a new home. A stranger in a strange land, this next book wrestles with our oldest questions—what is the nature of the universe? Are there hidden dimensions around us? What does it mean to be human? While there is no place like home, home is where the heart is.
Thank you M. W. Kelly for answering our questions!
You’ll find more information about Mauna Kea Rising on the author’s website. You can also follow him on Twitter, and don’t forget to add Mauna Kea Rising on Goodreads.
3 Comments
Ton article est très intéressant :).
J’ai beaucoup aimé avoir une vision sur la création d’un livre autoédité.
Congrats to the writer for the beautiful book cover :).
Merci ! J’avais vraiment envie que M. W. Kelly parle de son choix car je savais qu’il y avait longuement réfléchi et je pensais aussi qu’il serait intéressant de parler de recherches car son roman contient tellement de détails sur la navigation, les énergies renouvelables, le pilotage d’avions, l’astronomie, etc.
[…] This week, Alicai Canet sat down with M. W. Kelly, author of Mauna Kea Rising. In this interview, they chatted about the premise of the story, the research process, the writing and revision processes, as well as publishing and self-publishing in the US. See full interview. […]