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Le jeu de rôle Harry Potter – Interview avec les @supergeekettes et leur maître de jeu
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On se retrouve cette semaine pour la deuxième partie de l’interview des @supergeekettes Laurie et Marion et de leur maître de jeu Jérémie sur le jeu de rôle Harry Potter. Ils vous y expliquent comment se déroule une partie, les similarités entre écriture de fiction et jeu de rôle et ils vous donnent quelques conseils si vous avez envie de vous lancer.

Si vous n’avez pas encore lu la première partie, vous pouvez la retrouver ici.

Et sans plus tarder, je leur laisse la parole !

1)   Comment prépare-t-on une partie de jeu de rôle ? J’ai par exemple vu que vous aviez de magnifiques carnets et illustrations.

Laurie – Pour une partie normale, une fois la phase de création de personnage terminée, il n’y a pas de préparation particulière, si ce n’est prendre ses dés et de quoi écrire, sauf s’il y a une demande particulière du MJ.

Pour ce qui est de la prise de note, et plus particulièrement pour HP, on a été fouiner sur Internet qui est une mine d’or. On s’imprime des stickers, du papier style parchemin, on a acheté pas mal de stickers et Marion en a même créés pour le jeu. À ça il faut ajouter des ciseaux, de la colle, et des feutres en tout genre !

Marion – Eh bien déjà merci !

Nous ne préparons pas nos parties en tant que joueuses. Nous arrivons seulement avec nos carnets et nos mille et un stickers. Il nous arrive plus souvent de prendre du temps après la partie pour compléter nos carnets. Il est parfois difficile de vivre une scène et de la transcrire en même temps sur papier.

Il y a peut-être deux choses dont je ne peux pas me passer avant de commencer. La première, me remémorer les informations clés des parties précédentes. La deuxième, de prendre quelques instants pour me glisser dans la peau d’une sorcière de 11 ans, élève à Poudlard, qui ne sait pas tout ce que je sais IRL* sur l’univers.

Jérémie – Je pense que comme pour l’écriture de roman, chaque maître de jeu a ses rituels et habitudes. De mon côté, comme résumé pour la création de campagne je me pose plusieurs questions : qu’est-ce que je veux raconter, qu’est-ce que je voudrais faire ressentir ? Comment je voudrais finir ? Très souvent je passe un temps fou à chercher et écouter des musiques, des sons, des ambiances pour m’inspirer des lieux, des scènes ou des atmosphères. Quand j’ai des idées de ces scènes je me les garde en tête mais n’écris que ce qu’elles signifient, impliquent ou apportent puis je les laisse de côté. Je ne veux pas les imposer inutilement, si j’ai besoin de préparer des documents (lettres, journaux, dessins ou autres) je le fais, mais en sachant que peut-être cela ne sera pas utile. Puis lorsque la partie se déroule si une action, demande ou scène jouée par les joueuses est en accord avec l’une des idées que j’avais, je l’intègre de la manière la plus logique ou la plus impactante.

Comme je m’étais noté le ressenti ou la base importante de la scène je peux l’adapter, parfois même changer le personnage principal de la scène, ou le lieu où elle se déroule. En général la musique qui me l’a inspirée reste.

Ma préparation c’est très souvent faire un résumé de ce qu’il s’est passé d’important la dernière fois et qui aurait des conséquences soit directes, soit à long terme sur certains personnages. Je regarde quel personnage n’est pas intervenu depuis longtemps et ce qu’il pourrait apporter en revenant et comment, etc. Puis je laisse très souvent les joueuses me décrire leur état d’esprit, les routines de leur personnage au moment du début de la séance (ou de la fin de la dernière si nous reprenons sans faire d’ellipse) et j’adapte toutes les idées ou envies que j’avais notées en fonction de leurs actions. Mais ce que j’aime avec cette campagne et mes joueuses, c’est que parfois, je sais que je ne vais rien utiliser de ce que j’ai préparé car leurs idées et actions seront si naturelles et intéressantes que nous allons juste en profiter.

2)   Comment se déroule une partie typique de votre jeu de rôle Harry Potter ? Combien de temps cela dure-t-il ?

Laurie – En principe on fait des parties qui durent entre 4 heures et 6 heures, ca peut être plus, rarement moins sauf pour les « solos », des parties où il n’y a qu’une joueuse.

On se retrouve chez l’un ou chez l’autre, on discute un peu et puis on s’y met. Le MJ introduit la partie souvent en se basant sur ce qui s’est passé à la dernière partie… Parfois on a une idée très précise de ce qu’on veut faire, le MJ pareil, mais très souvent rien ne se passe comme prévu, et  nous construisons l’histoire tous ensemble.

Julian, notre MJ sait parfaitement quand mettre une musique d’ambiance ou une musique adaptée à la situation, il a souvent des illustrations, des lettres, ou d’autres choses concrètes à nous donner. Tout cela rend le jeu très immersif.

Marion – Une partie commence toujours par une bonne discussion entre amis ! Ensuite on prépare du café pour des sessions d’environ 4 heures. Le temps s’écoule différemment dans nos vies moldues. Il passe beaucoup trop vite !

On étale tous nos feutres, nos stickers, nos documents de sorciers, un peu partout dans le salon (15 minutes environ pour tout ranger après ! XD) et la partie commence.

Soit nous jouons l’une après l’autre si nos personnages ne sont pas ensemble, ce qui nous donne l’occasion de compléter nos carnets pendant que l’autre joueuse vit une scène, soit, lors d’une scène commune, le MJ nous donne la parole tour à tour.

Jérémie – Nos parties durent en moyenne entre 3 heures et 8 heures, parfois en matinée parfois en journée entière et rarement en soirée (une mouvance crée par les couvre-feux et nos plannings respectifs). En général nous papotons de tout et de rien pendant près d’une heure parce que nous adorons parler et qu’avant tout, le jeu de rôle permet de nous rassembler et nous voulons partager, y compris sur nos vies réelles. Une fois que nous avons fait le tour ou que nous sentons que nous avons trop à nous dire on s’installe et on commence. Mes joueuses sont très directives au final et c’est souvent elles (principalement Laurie) qui pendant que nous faisons le résumé habituel de la séance précédente commencent à jouer. Je découvre donc souvent comment va se dérouler l’intro de notre partie, puis je réagis. Les premières parties de nos séances c’est souvent cela, les joueuses qui font ce qu’elles veulent faire, et moi qui leur fournis le cadre, la musique, les relations avec les autres personnages, quelques anecdotes puis petit à petit je donne de plus en plus de place aux autres personnages et je donne des indices du thème de la séance puis les confronte enfin aux événements qui ne dépendent pas d’elles. Puis tout est si fluide que je ne saurais dire si nous avons un schéma habituel.

Très souvent nous avons un horaire de fin que nous repoussons, parce que nous n’avons pas envie d’arrêter.

Nous enchaînons les cafés et lorsqu’une joueuse va aux toilettes l’autre continue à jouer de son coté, et même lorsque moi je vais aux toilettes je reviens et elles me résument ce qu’il s’est passé en mon absence. Oui, en l’absence du MJ.

3)   Quelles sont les similarités entre l’écriture de fiction et le jeu de rôle ?

Laurie – La création d’histoires ! Celles en JDR s’écrivent à plusieurs mais le résultat est le même, on vit une aventure.

Marion – Il y en a tellement !

Il y a la création de nos personnages pour en faire des éléments intéressants à voir évoluer dans l’univers, avec des qualités et des défauts. Il faut de la tension, des émotions. Les personnages qu’ils soient joués ou non, ont des valeurs, des objectifs, des antagonistes, des enjeux à prendre des décisions, et leurs contreparties. Ces personnages sont un peu de nous, pourtant ils font leurs propres choix, il faut savoir les respecter.

Il y a la graphie en elle-même. Nous écrivons beaucoup avec Laurie mais ce n’est pas la majorité des joueur·ses qui tient des carnets aussi fournis.

En prenant un peu de recul, le grand point commun que je trouve avec l’écriture de fiction, c’est le voyage éveillé auquel nous nous invitons mutuellement en jouant. On développe un imaginaire collectif et crédible qui nous transporte.

Jérémie – Le jeu de rôle est une écriture de fiction. Je dirais plutôt qu’il est plus rapide de donner les différences que les similarités tellement l’exercice est similaire. La différence majeure est la manière dont la fiction va être racontée ou vécue, écrire un jeu de rôle c’est écrire une fiction mais dont de nombreux passages vont être décidés, improvisés pour et surtout par le « lecteur ». C’est comme une livre où le narrateur s’arrêterait au milieu d’une scène pour vous demander ce qu’allait faire le protagoniste, puis continuerait une fois votre réponse donnée.

En jeu de rôle comme en fiction il faut se mettre à la place de nos « lecteurs », savoir ce que l’on veut raconter et se demander comment le raconter. Les recherches, la documentation, les premiers jets, on retrouve tout cela dans les deux. Mais là où en fiction on peut écouter une musique pour écrire une scène, en jeu de rôle on sait qu’on peut faire écouter cette musique aux joueuses lors de ladite scène, mais on n’est jamais vraiment sûr qu’elle se déroulera comme prévu étant donné que nous écrivons à plusieurs. La différence majeure est là, le Jeu de Rôle s’écrit à plusieurs.

4)   Quels conseils donneriez-vous à celles et ceux qui aimeraient se lancer dans le jeu de rôle mais qui ne savent pas par où commencer ?

Laurie – Déjà, de ne pas avoir d’à priori, de se laisser porter, et de ne pas avoir peur. Pour vous lancer, discutez-en avec vos amis, il existe des boîtes d’initiation. Vous pouvez également vous renseigner, il existe des associations dans beaucoup de villes ! Ils vous accueilleront avec plaisir !!

Marion – Demandez-vous dans quel univers vous aimeriez vivre une aventure, puis rapprochez-vous de personnes de votre entourage qui pratiquent le JDR, ou d’associations spécialisées. Ces personnes pourront vous aiguiller sur les tables à intégrer. Il y en a pour tous les goûts : horreur, steampunk, cyberpunk, fantasy, post-apocalyptique, etc. Et si ces personnes ne connaissent pas de table correspondant à vos souhaits, laissez-vous tenter par un univers qui vous sortirait de votre zone de confort. Le tout est de se sentir en confiance avec les autres joueur·ses. Le JDR, ça remue !

Jérémie – Commencez simple, prévoyez une petite séance avec des amis, une partie de quelques heures avec un début et une fin. Les one shots d’horreur sont souvent ce qu’il y a de plus facile à faire, l’Appel de Cthulhu en est le représentant le plus accessible. Ne pas avoir trop d’attente ni même trop vouloir contrôler, c’est le but du Jeu de rôle que d’être vécu à plusieurs, laissez la place à l’improvisation. Demandez l’avis de vos joueuses pour mieux répondre à leurs attentes mais n’hésitez pas à faire ce qui vous plaît surtout.

Pour ceux ou celles qui ne voudraient pas faire Maître de Jeu mais plutôt rester joueuses, alors il faut passer outre la peur du ridicule qui accable certains débutants. Posez des questions, inutile de rester dans le flou ou le doute car le JDR est une activité somme toute plutôt simple. Donnez votre avis, décrivez vos actions comme s’il s’agissait d’un film ou si vous racontiez quelque chose qui vous est vraiment arrivé et l’immersion se fera rapidement.

Lancez-vous, il y a deux types de personnes : celles qui font du jeu de rôle et celles qui n’en font pas encore.

5)   Un grand merci d’avoir répondu à mes questions. Avez-vous quelque chose à ajouter ?

Laurie – LANCEZ-VOUS ! Vous ne le regretterez pas, promis :).

Marion – Après avoir répondu, j’ai maintenant très envie de faire une partie ! J’espère sincèrement que vous aussi. Allez hop hop hop, ce n’est pas le tout d’en parler, maintenant il faut le vivre !

Jérémie – Il y a autant de jeu de rôle que de joueuses, de maîtres de jeu et encore plus, de tables de jeu de rôle, alors lancez-vous, venez enrichir le jeu de rôle.

***

J’espère que cette interview vous aura plu et qu’elle vous aura donné envie de tester le jeu de rôle.

Retrouvez @julianartworks ici.

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Bon jeu de rôle !

*IRL = In Real Life, c’est-à-dire dans la vraie vie.

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